A l’occasion de l’assemblée générale du SNAC qui a eu lieu le jeudi 20 juin 2019 dans les locaux du syndicat, le président Pierre-André Athané a ouvert la séance par son rapport moral. L’occasion de faire un bilan politique de notre action durant son mandat. 

Chers amis, chères amies,

Nous voici réunis pour ce rendez-vous annuel de l’assemblée générale du SNAC, moment important de la vie de notre syndicat et je vous remercie d’être venus y participer.

Le SNAC est notre maison, votre maison, nous nous y sentons bien, elle est porteuse d’histoire, de combats passés et présents qui l’ont enrichie et je vous le dis à nouveau cette année au terme de mon troisième mandat : je suis très heureux d’être votre Président. Tous ces visages que je croise souvent ou moins souvent me sont maintenant familiers, certains d’entre vous sont devenus des amis, et ce temps que je consacre à ma fonction a pour moi beaucoup de sens car il est mis au service d’une organisation d’abord très singulière car transverse à plusieurs métiers de la création et ensuite extrêmement active sur tous les fronts, toutes les actions, tous les dossiers qui concernent les auteurs, les autrices et leur devenir.

En tête de ligne de cette action il y a toute l’équipe des salariés du SNAC, Ariane d’Amat, Sylvie Saracino, Xavier Bazot pour le bulletin et bien sûr notre Délégué Général Emmanuel De Rengervé, qui mène cette barque avec talent comme toujours. La tâche est lourde, peut-être même de plus en plus lourde, et rendre hommage à son travail et à celles et ceux qui le secondent n’est pas seulement une tradition du rapport moral de chaque année, elle est une nécessité car…sans eux, franchement, ça avancerait beaucoup moins vite !

L’action du SNAC, chaque année et peut-être plus particulièrement dans les deux dernières années, est intense et multiple, Emmanuel va vous détailler son contenu dans son rapport d’activité, chacune et chacun des membres, ceux du conseil notamment y participe de son mieux et je les en remercie car parfois les uns et les autres vous vous demandez sans doute : mais à quoi ça sert ?

Car il y a souvent matière à se décourager : participer à de longues réunions parfois rébarbatives, où se répètent les mêmes choses, se reproduisent les mêmes débats semble souvent fastidieux et inutile. On nous consulte bien davantage qu’on nous écoute c’est indéniable. Il y a les actions qu’on peine à mener à leur terme, les défections parfois des uns ou des autres, les courriers sans réponse…Pourtant au fil du temps, et de ma présence dans ce paysage militant j’ai acquis une conviction : la parole des auteurs et autrices compte, elle finit par être entendue, la ténacité et la continuité dans l’action porte ses fruits, fait avancer les idées, fait changer certaines mentalités, et, surtout quand nous agissons en lien avec les autres organisations comme pour la Directive Européenne sur les droits d’auteurs, conduit à des succès. Il faut pour cela de la patience, du temps, des convictions claires et au SNAC nous en avons et nous en aurons toujours car nous sommes à notre place dans ce combat essentiel : la défense des créateurs, de leur identité, de leurs statuts social et fiscal et de leurs droits.

Posons-nous maintenant la question d’usage : comment se porte le SNAC, et que peut-on dire de cette année 2018-2019 ?

Tout d’abord une bonne nouvelle, en 2018 nos comptes étaient à l’équilibre et même pour la 1ère fois depuis plusieurs années en excédent et tout porte à croire qu’il en sera de même, sauf accident, en 2019. Cela nous permet de respirer un peu même si nous savons que notre santé financière reste fragile et surtout dépendante des subventions qui nous sont accordées, notamment par le ministère de la Culture et la SACEM. Même si nous veillons à garder notre pleine indépendance de pensée et d’action à l’égard de tous y compris de ceux qui nous aident financièrement, il conviendrait à mon avis de lancer d’urgence une campagne auprès des autres sociétés d’auteurs pour rééquilibrer nos sources de financement, et de réfléchir en général à tout ce qui pourrait nous donner de l’air et pourquoi pas alléger la charge de travail de nos salariés.

L’action du SNAC est subventionnée parce qu’elle est nécessaire, et que nos bailleurs de fonds ont besoin de nous à de nombreux égards. Mais allons frapper aussi à d’autres portes pour augmenter notre force, et nos possibilités d’action.

De l’action cette année , il y en a eu et il y en aura, depuis le combat pour faire passer la Directive sur le droit d’auteur, les négociations autour des réformes très inquiétantes du gouvernement en matière sociale, la mise en place complexe du CNM (Centre National de la Musique), la mission Racine sur le statut de l’auteur, la participation aux Etats Généraux du Livre, la présence dans les festivals, Angoulême, Cannes, les Forums itinérants de la Musique à l’image, jusqu’à la rédaction du contrat commenté en Bandes Dessinées ou la mise au point de la convention initiale entre auteurs dans l’Audiovisuel nous avons eu du pain sur la planche ; et cela va continuer naturellement. Des menaces subsistent à tous niveaux et d’autres se profilent comme la réforme de l’audiovisuel, le tout sur un fond de baisse générale des commandes et des tarifs pratiqués, aggravés par un passage au numérique qui se fait la plupart du temps à nos dépends. Et puis le SNAC continue ses tâches habituelles : les dépôts, le conseil juridique, la gestion des adhésions, la tenue des comptes, j’en oublie certainement.

Toute ces actions nous les menons avec un esprit exemplaire, j’en suis témoin et je tiens à le souligner, que ce soit en matière de respect de notre diversité, de l’égalité hommes-femmes, de soutien et d’écoute des plus faibles, et, en interne, de souci constant de dialogue et de mise en balance à la fois des initiatives individuelles et de la stricte observation des règles démocratiques inscrites dans nos statuts.

Notre organisation comporte 7 groupements, nous défendons les mêmes causes, les mêmes principes, avec des spécificités pour chaque groupement qui rendent la tâche parfois difficile pour notre délégué et pour les élus. Mais je voudrais insister sur un point : le SNAC est la maison de tous les auteurs et autrices de la musique, de l’audiovisuel, du spectacle dramatique et de l’écrit ; aucun groupement, aucun d’entre nous ne doit se sentir le parent pauvre par rapport à tel ou tel secteur qui, par le jeu de l’actualité, se retrouverait plus souvent au centre des discussions du conseil.  Et dans ce même conseil j’appelle de mes vœux, quoi qu’en soit l’ordre du jour, que chaque représentant de groupement s’efforce d’y participer au maximum car le Conseil Syndical est l’organe de décision et de débat unique et essentiel de notre syndicat.

Quel est par ailleurs le bilan de la campagne d’adhésion lancée il y a maintenant deux ans ? Il n’est pas mauvais, mais pas non plus excellent, malgré l’action d’un groupe de travail et la mise en ligne d’une vidéo sur laquelle s’est posée la voix magnifique, j’allais dire légendaire de notre ami José Valverde.  Il nous faut relancer, persister dans l’effort et peut-être nous considérer désormais comme étant en campagne d’adhésion permanente car nous le savons, il nous faut absolument étoffer nos rangs et convaincre nos collègues et amis de nous rejoindre dans l’action.

L’année qui s’annonce sera mouvementée et sans doute pleine de rebondissements, restons plus que jamais mobilisés, seuls ou en lien avec les autres organisations partenaires et ne lâchons aucun objectif.

En interne, restons vigilants et inventifs, et cherchons ce qui peut améliorer notre fonctionnement. Je salue au passage l’accord conclu avec Antoine Cupial qui a la charge du « online » : gestion du site, de l’adhésion en ligne et community management. Nous comptons beaucoup sur son action, elle est essentielle à une organisation moderne.

Je voudrais avant de conclure avoir une pensée pour nos collègues de certains pays dans lesquels le choix d’être auteur ou autrice se fait au péril de sa vie et de son identité, ou dans lesquels par exemple être une femme autrice est tout simplement impossible. Ne les oublions pas. Avoir conscience de la chance que nous avons d’être dans un pays de libertés –avec toutes les réserves qui s’imposent- ne nous interdit pas de poursuivre nos luttes mais nous oblige à nous situer avec humilité dans un contexte de respect des droits des créateurs et créatrices qu’il nous faut exiger, toujours et partout.

Nouveau conseil, nouvelle année d’exercice des élus : nous voilà repartis chers amis auteurs et autrices, je connais l’attachement de tous à notre syndicat, il y a une certaine noblesse je pense à donner de son temps pour faire en sorte que ceux qui ont pour vocation de vivre des œuvres de l’esprit puissent aussi faire leurs courses, payer leur loyer, donner un confort de vie à leurs enfants. Alors merci à tous pour votre engagement, et à bientôt pour la suite.

Pierre-André Athané.
A Paris, le 20 Juin 2019.

 

 

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